Le métier de Monteur·se

Bien que peu mis en lumière, le poste de monteur·se est pourtant l’un des plus importants dans le processus de création d’un film.
C’est en effet lui·elle qui donne vie, naissance au film, en lui donnant forme et rythme.

Lors du processus de création, le·la monteur·se procède bien souvent en plusieurs étapes, toutes supervisées par le·la réalisateur·ice :

-La première consiste au choix des rushes, avec le·la réalisateur·ice. Son but est alors de sélectionner les scènes intéressantes parmi les centaines d’heures de rushes, et de les assembler afin d’en tirer l’essence même du scénario et de la volonté du·de la réalisateur·ice lors des prises de vues.

-La deuxième étape consiste elle à mettre en place les scènes sélectionnées conformément au plan du scénario afin d’avoir un premier montage « brut ».

-Malheureusement, si ce premier montage révèle des incohérences, des erreurs ou des insatisfactions, le réalisateur a alors plusieurs choix : déplacement ou suppression de certaines séquences, restructuration, ou même dans certains cas, réécriture de certains dialogues et scènes, ce qui peu alors impliquer un retournage…

-Enfin si le rendu de ce premier montage est jugé satisfaisant par le·la réalisateur·ice (souvent accompagné du scénariste et du ou des producteurs), le montage peut continuer.
C’est à ce moment là que le film est « sculpté ». Les durées des séquences et des plans sont ajustées, les raccords images sont affinés, les bruitages et la bande son sont placés sur les images (en collaboration avec le monteur son).
Lors de cette phase, le·la monteur·se  devra être à l’écoute du·de la chef·fe opérateur·ice concernant la colorimétrie des images.

 

Or, le montage n’a pas toujours été tel qu’il est aujourd’hui. Il fut même un temps où il n’existait pas. Les premières prises de vues des frères Lumière consistaient en effet à une simple action, filmée d’un seul bloc.

C’est en 1900 avec Grandma’s Reading Glass (La Loupe de Grand Maman) de Georges Albert Smith que la notion de montage et de découpage technique apparaît véritablement.
C’est en effet la première succession de plans, permettant de décrire une même action, et créant également au passage les premiers plans subjectifs de l’histoire du cinéma. Il n’est alors plus seulement question de ce qui est montré, mais de la façon dont on nous le montre.

Il est également important de noter qu’on se contente alors d’un montage linéaire, d’une suite de séquences logiques.
Il faut alors attendre quelques années et des films tel que The Great Train Robbery (Le Vol du Grand Rapide) de Edwin S. Porter en 1903 pour voir apparaître et se populariser ce que l’on nomme un montage alterné. Cette particularité de montage consiste à montrer plusieurs actions indépendantes, mais se déroulant au même instant.
On peut aussi citer Citizen Kane de Orson Welles, qui popularisera (sans l’inventer) en 1941, le procédé de flashback.

Enfin, certains cinéastes comme Sergueï Eisenstein (souvent considéré comme l’un des pères du montage) théorisèrent énormément sur le montage. Selon lui le montage est ce qui fait la particularité du cinéma, lui permettant de se différencier du théâtre par exemple.
Il élabore ainsi un nouveau langage cinématographique qu’il nommera le montage des attractions, terme désignant un assemblage de scènes ayant un fort impact visuel (voir Le Cuirassé Potemkine, 1924 // pour aller plus loin : http://cinema.chez-alice.fr/montage_eisenstein.html).
Aujourd’hui, bien que les théories d’Eisenstein soient appliquées et reconnues, ce n’était pas vraiment le cas à son époque, et le réalisateur fut remis de nombreuses fois en question…

Ainsi la phase de montage révèle toute son importance. C’est lors du montage que le film prend toute sa singularité et peut se démarquer d’autres créations. Des films comme Pulp Fiction (1994) ou Irréversible (2002) ne seraient pas ce qu’ils sont sans leur montage singulier et non-linéaire.

 

Pour finir voici une petite liste de films, sublimés par leur montage :

Citizen Kane, de Orson Welles (1941), montage : Mark Robson et Robert Wise
West Side Story, de Robert Wise et Jerome Robbins (1961), montage : Thomas Stanford
Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola (1979), montage : Walter Murch, Gerald B. Greenberg et Lisa Fruchtman
Elephant Man, de David Lynch (1980), montage : Anne V. Coates, Melvin G.
Les Affranchis, de Martin Scorsese (1990), montage : Thelma Schoonmaker
La Liste de Schindler, de Steven Spielberg (1993), montage : Michael Kahn
Pulp Fiction, de Quentin Tarantino (1994), montage : Sally Menke
Memento, de Christopher Nolan (2000), montage : Dody Dorn
Irréversible, de Gaspar Noé (2002), montage : Gaspar Noé

Mad Max : Fury Road, de George Miller (2015) : montage : Margaret Sixel

 

source : https://www.cidj.com/metiers/monteur-monteuse-image-et-son
wikipedia.fr
http://cinema.chez-alice.fr/montage_eisenstein.html

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