Le portrait de Micheline

Je m’appelle Micheline et je suis retraitée.
Je suis originaire d’un petit village à 45 km de Paris, la France profonde comme on dit ….
Dans les années 50 les cinémas n’étaient pas si courants mais moi, j’avais la chance qu’un voisin (employé agricole !) soit fan de cinéma et lisait les « Mon film » de l’époque. Et donc, vers mes 10 ans je pense, il nous prêtait, à ma sœur et moi ses magazines que je dévorais. Ce qu’on lisait, c’étaient vraiment les scénarios des films !!

Parallèlement à cela il y avait la TV à l’école !! On la sortait pour les grands évènements comme le mariage du prince de Monaco ou le couronnement de la reine d’Angleterre mais est venu le moment où le maitre proposait de venir dans la classe le soir en week-end (avec nos parents) pour voir un film à la TV !
Après les scénarios j’ai découvert l’image ! De plus, à chaque Noël le maître nous projetait un film, toujours à l’école ! Et là je me souviens du film américain Robin des Bois.

Viens ensuite le lycée et l’internat. En effet à cette époque les lycées se trouvaient loin des villages et la solution c’était l’internat… pour moi un étouffement ! Mais mes parents avaient acheté une voiture et j’avais accepté d’aller m’enfermer si on venait me chercher le mercredi ce qui coupait la semaine …
Et où est le cinéma là-dedans ? Parallèlement à mon village, un autre instituteur dans le village voisin de Chauffour était passionné de cinéma ! Encore un !
Il vidait sa classe unique une fois par semaine pour projeter des films. Et là, Ô miracle mes parents y ont pris goût -seule folie dans leur vie- et nous sommes régulièrement allés au cinéma dans ce petit village : étonnant non ?
J’ai des souvenirs de « Ascenseur pour l‘échafaud » mais aussi d’un film sur La grande chevauchée. John Wayne emmenant un troupeau à travers les US tout cela en noir et blanc bien sûr ! Ce petit village avec cet instituteur avait la chance d’avoir un habitant metteur en scène bien réputé : Henri Decoin ! J‘avais le même âge que Didier Decoin, son fils, qui venait au ciné avec ses copains mais on ne se mélangeait pas : c’étaient « Les Parisiens » !
Quand je rentrais à l’internat le vendredi j‘avais le plaisir immense de raconter le film ! Je suis sûre que je devais y mettre un peu de ma version mais là, je reconnais que cet internat me pesait moins. Je racontais à voix feutrée à ma meilleure copine du moment (cachées sous nos draps) ces histoires et j’adorais… J ‘ai donc passé 8 ans à ouvrir les limites de cet internat à cette amie une fois par semaine.
La dernière année je suis allée travailler dans une colonie de vacances à Collonges sous Salève au cours de l’été (j’y reviendrai d’ailleurs plusieurs années de suite). Et de nouveau : cinéma à Collonges dans le petit théâtre du Coin qui existe toujours. C’est là-bas que j’ai découvert « Autant en emporte le vent ». Le choc ! Je veux être Scarlett O’Hara et elle restera mon exemple à suivre : la résilience, se relever toujours, voilà ce que j’en avais gardé. Ce souvenir m’aidera à surmonter des difficultés au cours de ma vie. Et puis, bon, il y avait aussi Rett Butler qui faisait rêver, non ?

Bac en poche je suis partie dans une grande ville : Rouen où j’ai passé 8 ans. Ce fut la grande dérive dans les salles.
Étudiante, avec mon amie d’enfance à la Faculté des sciences nous nous sommes engouffrées dans la fac bien sûr mais surtout dans les salles de cinéma : je ne vous dis pas le nombre de films que nous avons vu !!
Découverte de Bergman, Fellini, Antonioni, Truffaut, Chabrol, Ettore Scola et tant d’autres… nous avons été immergées sans limite ou presque : en juin nous avons échoué aux examens ! Heureusement, ils se rattrapaient en septembre : ouf !

Au cours de ces années j’avais retrouvé un bon copain de colonie de vacances qui était en droit. Nous avons découvert tous les western : d’où mon admiration pour Clint Eastwood of course ! Acteur d’abord mais ensuite metteur en scène. Ces westerns à deux se terminaient avec un steak-frites au bistrot, nos petits plaisirs…
Ah j’allais oublier ! Ma découverte de Humphrey Bogart vers les années 68 : le grand amour ! Eh oui quel charisme… Je transporte un portrait de lui depuis 50 ans ! Où va donc se nicher le rêve ? Faut dire que Casablanca ou le Grand sommeil…

Après ce séjour rouennais le travail m’a emmenée vers Genève pour des années… Et là je n’avais plus que l’embarras du choix pour assouvir mon intérêt cinématographique ! Une interruption de 4 ans aux US et 2 enfants m’ont fait prendre du recul mais à notre retour ce fut les retrouvailles !
Et tout cela sans interruption cette fois. Ayant déménagé de Troinex à Collonges j’ai découvert le Rouge et Noir.
J‘ai été longtemps spectatrice et il y a 5 ou 6 ans je pense j’ai postulé en tant que bénévole ce que je ne regrette pas car l’équipe est vraiment dynamique et chaleureuse !
Ce que j’apprécie le plus ce sont les semaines thématiques, italiennes ou asiatiques.

Impossible de citer mon film préféré !
Celui qui a marqué mon esprit est « Autant en emporte le vent ». Mais Eastwood quand même : La route de Madison, Gran Torino…
Je pourrais en citer tellement et je sais que j’aurai encore de bien belles surprises. En fait j’aime les films qui savent traiter de la sensibilité avec délicatesse : on n’a pas toujours besoin des mots… les attitudes ou les regards suffisent.

Le mot de la fin ? J’espère que ce cinéma va encore faire partie de moi aussi longtemps que possible même si déjà j’oublie un peu les noms des acteurs ou metteurs en scène !

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